Voici deux textes qui expliquent ma démarche artistique
Le sculpteur Rémy Tassou, inventeur du « Cybertrash », s’intéresse aux déchets de l’ère électronique. Ses sculptures sont faites à base de composants récupérés sur des machines hors service, irréparables, dépassées ou simplement démodées. Il les assemble pour créer de puissantes sculptures murales et des totems.
Depuis vingt ans il s’emploie à montrer qu’il existe dans cette complexité technologique une beauté qui trouve naturellement sa place dans la création contemporaine. Beauté des composants, de leur formes curieusement imposées par leur fonction et les exigences de la miniaturisation, beauté des matériaux déclinés suivant un code couleur aux variations dictées par les nécessités d’un repérage efficace, beauté secrète du silicium au cœur de ces objets couverts de brevets et gorgés de métaux précieux…
Ses sculptures témoignent du design de notre temps et participent au nécessaire travail de mémoire de cette technologie exceptionnelle qui redessine notre monde et nous conduit à considérer différemment notre planète commune.
Avant d’être artiste il est un citoyen concerné par les problématiques de développement durable. Il tente au travers de son art d’inciter au tri sélectif et de participer au nécessaire travail de sensibilisation au recyclage des déchets des équipements électriques et électroniques, les DEEE.
Depuis 1990, Rémy Tassou poursuit un travail qui, sous la dénomination de « Cybertrash », vise à la restitution esthétique des rebuts de ce nouvel âge dans lequel l’usage exponentiel de l’électronique nous a fait entrer. Commencée à la façon d’une patiente collecte de déchets auxquels personne encore ne prêtait attention, vite devenue la mise en forme de ces composants envisagés dans leurs multiples variations esthétiques, l’oeuvre de Rémy Tassou s’emploie à inventer la beauté cachée des machines dès lors que, leur fonction abolie, elles n’ont plus d’autre destin qu’un recyclage partiel.
Art de notre temps, au sens où les matériaux qui y sont employés relèvent de notre immédiate contemporanéité, le « Cybertrash » de Rémy Tassou ne cherche que cette beauté insoupçonnée. Il s’inscrit dans une tradition d’attention au réel qui s’efforce de montrer qu’elle se trouve là, juste dérobée au regard inattentif par des protections multiples destinées à favoriser l’utilisation de ces appareils que l’efficacité de leur technologie complexe nous a rendus indispensables.
Retour au simple réel, rappel de la simplicité du regard qui permet d’y discerner les formes et les couleurs, simple et nécessaire attention à ce qui nous entoure et dont dépend notre humanité.