"Rémy Tassou, artiste cybertrash"... Voilà une
appellation qui laisse perplexe, et qui peut même inquiéter
tant les mystères qu'elle contient restent entiers.
Et pourtant derrrière ces mots énigmatiques se cache un
créateur sensible, un grand monsieur aux mains magiques qui aimerait
bien résoudre les énigmes de la science.
Depuis le début des années 90, Rémy Tassou traque
en effet disques durs, transistors, puces, résistances, déflecteurs,
moteurs et autres galettes de silicium pour les assembler en sculptures
murales et totems. Et le résultat est étonnant : il laisse
entrevoir une véritable beauté esthétique là
ou d'autres techniciens n'avaient pensé que composants, fonctionnement
et rendement.
"Les composants électriques et électroniques sont
des matériaux très riches et extrèmement colorés.
Certains ont même une grande valeur esthétique comme les
composants à base de cuivre ou les écrans à cristaux
liquides."
Au fil des ans, ce commercial spécialisé dans les bases
de données économiques et financières, a su s'imposer
dans le milieu de l'art contemporain par la qualité de sa recherche
artistique. Et du côté des scientifiques, on l'applaudit
aussi car il reconstruit patiemment l'histoire de l'électronique.
"Souvent, les composants que je récupère dans les
appareils électroménagers ne sont déjà plus
utilisés par les fabricants. Dans mes oeuvres je rends alors hommage
aux scientifiques qui ont fait évoluer l'électronique et
je mets en valeur des composants rares qui ne sont même plus fabriqués!"
Inutile de s'étonner donc si les oeuvres exposées à
la salle Saint-Esprit jusqu'au 20 juin portent toutes des noms se référant
à la cybernétique et à son actualité : scanner,
genomix, chorus, space invaders, bluetooth...
Sculptures et totems témoignent en fait des interrogations de l'artiste.
"Biopuce" par exemple est un travail sur la notion de biotechnologie
: "aujourd'hui, l'informatique n'en est qu'à l'âge
de pierre, elle utilise des matériaux tels que le cuivre, l'aluminium,
l'argent, l'or... mais demain elle intégrera aussi des cellules
vivantes. Je me demande souvent comment se réalisera la fusion
entre le microprocesseur et le neurone humain. Globalement, tout ce qui
touche à l'infiniment grand et à l'infiniment petit me fascine
car j'ai une volonté de comprendre la nature, d'en percer les mystères."
Artiste, Rémy Tassou l'est jusqu'au bout de ses doigts agiles :
"dans toutes mes compositions, je cherche à aller vers la
beauté. De toute façon, la base de l'art contemporain est
de chercher à plaire. Je n'envisage pas un combat totalement solitaire,
indifférent à toute critique et à tout compliment".
M.L.
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