NICE MATIN - 10 juin 2001
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Rencontre avec Rémy Tassou
L'artiste "cybertrash" expose ses oeuvres à la salle Saint-Esprit jusqu'au 20 juin

"Rémy Tassou, artiste cybertrash"... Voilà une appellation qui laisse perplexe, et qui peut même inquiéter tant les mystères qu'elle contient restent entiers.

Et pourtant derrrière ces mots énigmatiques se cache un créateur sensible, un grand monsieur aux mains magiques qui aimerait bien résoudre les énigmes de la science.

Depuis le début des années 90, Rémy Tassou traque en effet disques durs, transistors, puces, résistances, déflecteurs, moteurs et autres galettes de silicium pour les assembler en sculptures murales et totems. Et le résultat est étonnant : il laisse entrevoir une véritable beauté esthétique là ou d'autres techniciens n'avaient pensé que composants, fonctionnement et rendement.

"Les composants électriques et électroniques sont des matériaux très riches et extrèmement colorés. Certains ont même une grande valeur esthétique comme les composants à base de cuivre ou les écrans à cristaux liquides."
Au fil des ans, ce commercial spécialisé dans les bases de données économiques et financières, a su s'imposer dans le milieu de l'art contemporain par la qualité de sa recherche artistique. Et du côté des scientifiques, on l'applaudit aussi car il reconstruit patiemment l'histoire de l'électronique. "Souvent, les composants que je récupère dans les appareils électroménagers ne sont déjà plus utilisés par les fabricants. Dans mes oeuvres je rends alors hommage aux scientifiques qui ont fait évoluer l'électronique et je mets en valeur des composants rares qui ne sont même plus fabriqués!"

Inutile de s'étonner donc si les oeuvres exposées à la salle Saint-Esprit jusqu'au 20 juin portent toutes des noms se référant à la cybernétique et à son actualité : scanner, genomix, chorus, space invaders, bluetooth...
Sculptures et totems témoignent en fait des interrogations de l'artiste. "Biopuce" par exemple est un travail sur la notion de biotechnologie : "aujourd'hui, l'informatique n'en est qu'à l'âge de pierre, elle utilise des matériaux tels que le cuivre, l'aluminium, l'argent, l'or... mais demain elle intégrera aussi des cellules vivantes. Je me demande souvent comment se réalisera la fusion entre le microprocesseur et le neurone humain. Globalement, tout ce qui touche à l'infiniment grand et à l'infiniment petit me fascine car j'ai une volonté de comprendre la nature, d'en percer les mystères."

Artiste, Rémy Tassou l'est jusqu'au bout de ses doigts agiles : "dans toutes mes compositions, je cherche à aller vers la beauté. De toute façon, la base de l'art contemporain est de chercher à plaire. Je n'envisage pas un combat totalement solitaire, indifférent à toute critique et à tout compliment".

M.L.