MANAGIA écrit par les décideurs, pour les décideurs - N° 5
Retour


Sommaire - extrait
"...Prenons exemple sur nos artistes à l'instar de Rémy Tassou, que vous pouvez découvrir dans cette revue, qui a su transformer l'objet NTIC, le sublimer, pour lui donner une nouvelle vie, nouvelle dimension."
Stephane Balcerzak

Le coaching artistique, le "cyber trash" et... Rémy Tassou
Louis Gaston Pelloux, Président Fondateur du Groupe Pelloux

Chacun le sait, l'expérience du management c'est la résolution de problèmes concrets, la prise de décisions qui orientent l'activité de l'entreprise de façon radicale.

Or, aujourd'hui, le monde de l'art, qu'on le regrette ou non, a les dimensions d'un marché planétaire, d'où la nécessité de raisonner globalement en prenant en compte des facteurs divers dont certains, qui sont liés aux exigences tactiques ou stratégiques, n'ont que peu à voir avec les soucis propres à l'artiste... Une carrière artistique -certains ont su l'intégrer- ressemble maintenant par bien des aspects, au développement d'une entreprise avec ses projets, ses ambitions, ses difficultés et ses soucis.

Il n'en reste pas moins qu'envisager le seul marché ne permet pas de comprendre ce domaine d'activité spécifique qu'est l'art : les oeuvres ne sont pas des produits industriels, leur reconnaissance ne se limite pas à la valeur ajoutée...

C'est pourquoi je ne conçois pas le "coaching" artistique comme simplement démarqué du management d'entreprise; je ne le conçois pas non plus à la manière de la gestion de carrière dans le show-business ou dans le sport.

Il faut en effet que se construise une relation intelligente et sensible entre l'artiste et celui que je définirais comme un amateur, au sens noble : celui qui aime et qui précisément parce qu'il éprouve un attrait particulier pour la création artistique, a développé une compétence.

Vous savez que je suis collectionneur... Même si dans un premier temps cette collection a été le moyen de m'évader face aux contraintes multiples de la vie que nous menons, je me suis aperçu bien vite qu'il fallait y mettre en oeuvre des qualités semblables à celles que j'avais dû exploiter dans la création de mes entreprises. Le collectionneur est donc toujours proche des artistes auxquels il s'intéresse car il partage, à sa manière, modestement, les préoccupations des créateurs... Et c'est en ce sens que le collectionneur peut être un amateur éclairé, capable d'aider et guider un artiste sans que sa rentabilité immédiate ne soit envisagée.

Le cas de Rémy Tassou es remarquable. Il travaille à partir de ce que la cybernétique a produit de plus sophistiqué, de plus efficient à la fin du XXème. A sa façon, lui aussi est un collectionneur puisqu'il récolte, recueille, collecte des composants électroniques, ces matérieux industriels de pointe qui, du fait même qu'ils sont destinés à des machines vite obsolètes, se retrouvent abandonnés, jetés, oubliés.

Pourtant ceux-ci offrent, quand on veut bien s'y intéresser, des textures, des couleurs, des formes qui n'appartiennent qu'à notre époque. Rémy Tassou constitue ainsi, peu à peu, une mémoire de l'électronique et de la cybernétique puisque chacun des composants récupérés a une histoire propre. Le principe esthétique du "cyber trash", il est là : dans la réappropriation de ces objets émiettés et abandonnés qui prennent une vie nouvelle quand on nous force à leur prêter attention. Ce qui réussit Rémy Tassou dans ces assemblages, c'est donc un art éminnement contemporain, curieux et déroutant tout simplement parce que le plus familier y devient extraordinaire ; c'est donc un art qui ne pouvait naître que dans notre époque où l'industrie est innervée par l'information. En outre, l'art de Rémy Tassou est chargé d'humanité puisqu'il renvoie aux activités de nos sociétés humaines et à ce qui se travaille dans les entreprises d'aujourd'hui. Il n'est donc pas étonnant que ses oeuvres y trouvent leur place.

Le manager que j'ai été se préoccupe d'une chose : faire que Rémy Tassou puisse continuer à puiser dans ces multiples matériaux technologiques que l'on rejette une fois dépassés, et dans lesquels il sait voir une richesse esthétique que d'autres, à l'intérieur des entreprises, partagent mon intérêt pour son art, c'est mon plus grand souhait.