LMS News -n°7- Septembre 2001
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REMY TASSOU, " l'antiquaire de la cybernétique "

Rémy Tassou, a exposé ses ¦uvres à la Salle Saint Esprit de Valbonne, en
juin dernier. Engagé depuis 1988 dans une aventure unique, ce nantais de 45
ans, installé à Paris, a ouvert une nouvelle voix dans l'art contemporain.
Passionné de sciences, cet ancien businessman est le père fondateur du "
Cyberstrash ", dont le but avoué est de magnifier les déchets de
l'informatique. Il est donc évident d'exposer son travail artistique à
Sophia Antipolis, la Technopole des NTIC.
Nous voici donc au c¦ur de la puce, à la découverte des microprocesseurs qui
sont ici répertoriés, analysés, classés pour devenir ¦uvres d'art, tableaux
muraux ou totems.
Bien sûr, ces sculptures murales au poids évocateur (" Driver " pèse 10 kg)
représentent beaucoup plus qu'un simple assemblage de pièces de
récupération. César, Arman et Ben ont avant lui, accumulé, entassé, écrasé.
Non, la recherche de Tassou est avant tout esthétique. Il aime la beauté, et
c'est ce qui retient le regard quand il se pose sur ces assemblages étranges
où l'harmonie des couleurs, des formes pourraient nous laisser imaginer
qu'elles ont été construites uniquement pour venir se positionner dans ce
tableau-là.

Les antiquités du futur

Rémy Tassou, au-delà de l'esthétique, apporte aussi un témoignage sur toute
cette aventure extraordinaire de la cybernétique. Et il est touchant de
redécouvrir au milieu d'une ¦uvre, des noms de personnalités tombées dans
l'oubli, tel " Wheastone " cet inventeur réputé. Même chose pour " Nixdorf "
avalé corps et biens par le puissant Siemens. Ces pièces, pour la plupart,
mémoires des ordinateurs gardent en elles des milliers de données de notre
époque, de leur activité passée, et de l'aventure galopante de
l'informatique. En quelques années, elles vont devenir les antiquités de
demain, les hiéroglyphes du 3ème millénaire, voués à l'oubli s'ils n'avaient
rencontré le chemin de Tassou.
L'artiste expose chez " L'opéra Gallery ", au grand salon Saint Germain de
l'Hôtel Lutetia et chez " Art Sept " (7, Promenade des Anglais, à Nice).
Quelques-unes unes de ses ¦uvres sont exposées à New-York et Singapour, mais
c'est à Valbonne et à la Fondation Sophia Antipolis que Rémy Tassou expose
régulièrement, toujours chaleureusement accueilli par la cité
sophipolitaine. La recherche de Tassou est incessante. Ses ¦uvres sont sans
cesse travaillées, et maintenant qu'il maîtrise parfaitement la technique,
l'assemblage est précis, les cadres pleins et le relief assuré.
Anticipant même sur le devenir de l'informatique, il ne peut que saluer
l'arrivée d'un vocabulaire humain dans la cybernétique. Et il est vrai que
nous parlons maintenant d'écran plasma, de mémoire molle et pourquoi pas
d'utilisation de cellules vivantes dans les " neuroprocesseurs " qui, selon
l'artiste, représentent la fusion entre le neurone humain et le
microprocesseur.
Qui a dit que le monde de l'informatique était dénué de poésie et de charme
?
Rémy Tassou vient de réaliser une nouvelle ¦uvre intitulée " Bip ",
assemblage érotico-cybernétique, inspiré d'une rencontre féminine habillée
de dentelle... Et c'est bien connu, les dentelles ont toujours inspiré les
artistes, même ceux spécialisés dans le cybertrash.

Janny Plessis-Lumeau